La raison d’être

Depuis quelques mois, et plus précisément avec l’adoption de la loi PACTE en mai 2019, les entreprises françaises sont désormais obligées de tenir compte de l’impact social et environnemental de leur activité. Cette petite révolution dans le monde des entreprises, jusque-là majoritairement préoccupées par leur seule performance économique, introduit une nouvelle notion : la raison d’être.

Vers une nouvelle ère de l’entreprise

Depuis quelques années, on entend beaucoup parler de quête de sens, de raison d’être. La société, en pleine évolution, se met en quête de sens général, tant individuel que collectif. Il apparaissait donc évident que la question de cet enjeu sociétal majeur se pose aussi pour les entreprises.

Cette notion assez récente est une vraie avancée dans le monde des sociétés, qui, jusqu’à présent, avaient un objectif avant tout financier. Les entreprises entrent dans une nouvelle époque où le profit n’est plus la seule priorité, et doit désormais partager l’affiche de la performance globale avec les enjeux environnementaux et sociaux. C’est l’ère du Profit, People, Planet.

Qu’est-ce que la raison d’être ?

Depuis 1804, le Code Civil définissait l’objet d’une entreprise comme étant constitué dans l’intérêt des associés. Ce n’est que depuis 2019, grâce au rapport Notat-Senard puis à la loi PACTE, que fut complétée cette définition, en prévoyant que la société soit également gérée dans son intérêt social, en prenant en considération les enjeux sociaux et environnementaux de son activité.

Cette disposition étant entrée dans la loi, elle est applicable à toutes les entreprises. En revanche, pour les entreprises qui le souhaitent, il est possible d’aller plus loin en définissant leur raison d’être. Cette démarche volontaire consiste à (re)définir le sens de l’activité de l’entreprise dans la société. Elle devient la boussole qui permettra à l’entreprise de garder un cap cohérent avec les valeurs qui lui sont chères, dans toutes les décisions et évolutions.

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A quoi sert la raison d’être ?

Définir sa raison d’être, pour une entreprise, est l’occasion de réfléchir en profondeur à son projet d’entreprise, sa stratégie générale. L’entreprise s’interroge sur le sens qu’elle donne à son activité, ses priorités, sa place dans la société. Elle va également réfléchir à son impact sur les risques sociaux et environnementaux, et comment elle peut contribuer positivement à ces enjeux.

En réfléchissant à une raison d’être qui répond à ces différentes attentes, l’entreprise alignera ainsi ses multiples parties prenantes, internes comme externes, et remettra la stratégie au cœur de la gouvernance. L’entreprise se positionne ainsi parmi les acteurs responsables de la société, ce qui ne manquera pas de la démarquer de la concurrence. Les avantages stratégiques qui en découleront seront donc nombreux, tant en interne qu’en externe.

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Quels sont les enjeux de la raison d’être ?

La raison d’être est un concept dont découlent de nombreux enjeux. Même si cette notion n’a été que récemment définie et officialisée à travers la loi PACTE, la quête de sens elle est un concept qui a fait son entrée dans le monde de l’entreprise depuis bien plus longtemps.

C’est le cas dans toutes les entreprises qui avaient déjà commencé à mettre en place une politique RSE (pour Responsabilité Sociétale des Entreprises), pour prendre en compte les préoccupations sociales et environnementales dans leur stratégie. Ces entreprises s’engageaient donc déjà envers la protection de l’environnement ou des pratiques de responsabilité sociale. Plus engagées encore, on retrouvait le cas à part des organisations issues de l’Économie Sociale et Solidaire, dont l’ objectif premier est d’être une entreprise environnementalement et socialement responsable.

Les entreprises qui souhaitent aller plus loin que la seule mise en place discrétionnaire d’une démarche RSE et développement durable peuvent donc, depuis la loi PACTE, choisir de définir leur raison d’être. L’étape d’après, basée elle aussi sur une démarche volontaire d’amélioration continue, consiste à devenir une entreprise à mission, en inscrivant sa raison d’être dans ses statuts et formulant des engagements concrets envers une mission d’intérêt général. L’obtention de ce statut est soumise à plusieurs conditions de mise en place de pratiques aussi éthiques que durables.

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Comment définir une raison d’être ?

L’entreprise qui choisit de s’engager dans cette démarche de travailler sur sa raison d’être aura tout intérêt, avant toute chose, à prendre conscience des bonnes pratiques de ce type de projet. En effet, il est toujours bénéfique de voir ce qui existe, en bien comme en moins bien.

Si un tour d’horizon des outils et méthodologies est un plus avant de se lancer, il sera important, a minima, de comprendre quelles sont les erreurs à éviter, pour ne pas que la raison d’être desserve l’entreprise. L’inspiration peut aussi être trouvée parmi les exemples d’autres entreprises qui ont déjà défini leur raison d’être.

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Comment construire une raison d’être ?

Une raison d’être ne doit donc pas simplement être une devise ou l’expression creuse d’un leitmotiv. Elle doit être la traduction claire et inspirante de la mission de l’entreprise et de son impact positif sur la société et la planète (ou Net Positive Impacts). La raison d’être devra ainsi être définie grâce à plusieurs étapes clés, de façon à inclure et répondre aux attentes des parties prenantes.

Pour construire sa raison d’être, le groupe s’engage à constituer un comité de pilotage dédié au projet. Celui-ci sera en charge de consulter les différentes parties prenantes internes et externes, recenser ce que l’entreprise a déjà mis en place sur cette question centrale, puis choisir l’intitulé de la raison d’être après cette phase de dialogue avec les parties prenantes. La raison d’être se devra d’être claire, synthétique, crédible et différenciante, pour être pertinente.

Une fois la démarche collaborative de définition effectuée, une autre étape importante de la construction de la raison d’être consistera à la déployer, en interne comme en externe. En interne, il s’agira de décliner la formule choisie en actions et initiatives directrices, concrètes et applicables, qui seront cascadées à travers toute l’entreprise et ses filiales éventuelles. En externe, l’opération de communication positive sera une étape importante pour embarquer les partenaires, les investisseurs, et bien sûr le grand public, pour en faire les clients de demain.

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Qui est concerné ?

Depuis l’étape du travail préalable à la raison d’être, jusqu’à son déploiement, l’inclusion de toutes les parties prenantes externes et internes de l’entreprise sera capital. Plus elles seront impliquées dans le projet, plus elles seront engagées envers la raison d’être, qui deviendra l’étendard sous lequel se rassemblent tous les acteurs directs et indirects de l’entreprise.

En interne, les acteurs majeurs qui vont devoir être particulièrement impliqués, on retrouvera notamment les représentants des comités de direction générale, mais aussi des responsables des différents services afin que les différentes fonctions de l’entreprise soient représentées. Dès la phase de définition, il sera capital de les consulter pour que la raison d’être ensuite définie reflète au mieux la réalité du terrain.

Au moment du déploiement de la raison d’être, ils auront la mission de faire en sorte que tous les salariés puissent se l’approprier et la faire vivre, et d’informer les parties prenantes extérieures à l’entreprise que le groupe est engagé en matière de développement durable. La raison d’être sera ainsi devenue le cap stratégique qui inscrit l’entreprise dans un engagement à long terme vers un monde plus éthique.

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